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Symptôme

Intelligences arty

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Dans les films, les séries ou les romans, les ordinateurs jouent les premiers rôles et se transforment en objets de désir, tel l’intrigant «Her», de Spike Jonze.
Joaquin Phoenix, dans «Her». (Photo Warner Bros)
publié le 18 mars 2014 à 18h56
(mis à jour le 19 mars 2014 à 10h32)

C'est un tabou cinématographique que personne n'avait vraiment vu venir. Et pour cause, puisque ce qui le définit est précisément son invisibilité ou, plus exactement, son caractère immatériel. Comment représenter à l'écran l'invraisemblable bazar qui remplit non seulement nos ordinateurs, disques durs et téléphones, mais aussi, dans une étrange confusion de tous les sentiments, nos affects les plus intimes ? Sans même convoquer ici les usages douteux de la NSA, Google, Facebook et compagnie sur nos données personnelles, c'est peu de dire que des artistes sont tarabustés par la question depuis un bon moment, légitimant la nécessité d'en montrer les effets pas virtuels du tout. Spike Jonze, qui avait déjà exploré l'idée de la perception de la réalité à travers les yeux et les oreilles d'un autre avec Dans la peau de John Malkovich, en a fait le cœur de son film. Her désigne l'entité artificielle, la créature de Frankenstein sans corps mais avec esprit, qu'un homme solidement dépressif implante dans son ordinateur pour s'inventer une compagne. En choisissant de broder une comédie sentimentale dans ce cadre, Jonze rejoint d'autres artistes, écrivains, scénaristes de séries télé ou auteurs de courts métrages expérimentaux qui se sont penchés presque simultanément sur une question qui n'a pas fini de nous obséder. Et ce n'est pas le cinéaste qui s'en sort le mieux. Revue de détail d'un phénomène ultra-contemporain.

«Her»

L'idée de départ est séduisante à plusieurs titr