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Libération
INTERVIEW

Alvaro Arroba : «l’effet d’une hallucination»

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Le critique est l’homme qui a exhumé l’œuvre de Pelayo :
(Photo Dr)
publié le 18 mars 2014 à 17h06

Gonzalo García Pelayo doit d'être réapparu sur les radars de la cinéphilie à Alvaro Arroba, critique espagnol qui plaça son film Vivir en Sevilla dans sa liste des dix plus grands films de tous les temps pour la prestigieuse revue Sight Sound et a curaté sa première rétrospective l'an passé, à Vienne. A Libération, il explique en quoi Pelayo constitue à ses yeux rien moins qu'«un chaînon manquant dans l'histoire du cinéma».

Comment avez-vous découvert les films de Pelayo ?

C'était il y a sept ans. J'ai cet ami bizarre qui passe sa vie cloîtré chez lui comme les hikikomori japonais, qui m'a demandé si je pouvais lui trouver une copie de Vivir en Sevilla. Moi, je ne savais pas que Pelayo avait été réalisateur, même si, bien sûr, je le connaissais parce que c'est une référence pour les mélomanes espagnols. J'ai réussi à mettre la main sur le film, et ça m'a fait l'effet d'une hallucination.

Qu’est-ce qui vous a frappé à ce point ?

C’était d’autant plus impressionnant qu’en Espagne, on a tendance à déplorer d’être passé à côté des nouvelles vagues des années 60 et 70. Même les grands cinéastes d’alors, comme Víctor Erice, demeuraient en retrait de cet élan. Et soudain, ce film débordant d’énergie et d’inventivité m’apparaissait comme la pièce manquante qui reliait l’Espagne au reste de l’avant-garde. Et il n’avait pas ce côté bon élève de l’école catalane de l’époque qui pastichait la Nouvelle Vague française. Des films de Godard et Rozier, il s’inspirait non pas des signes mais de l’esprit, avec une attitude et un imaginaire