Une voiture censément luxueuse, puisque conduite par un chauffeur, roule vers l'aéroport de Roissy. Sur la banquette arrière un homme d'un certain âge et une jeune femme qui dialoguent. Le son de leurs paroles est couvert par une voix off qui tutoie les personnages. «Tu l'écoutes… tu dis… tu t'en fiches…» Il est question d'argent, de contrat entre l'homme et la femme, pour que la femme écrive pour l'homme. Un livre ? Un scénario de cinéma ? On ne sait pas. Les choses se précisent en même temps qu'elles s'opacifient, se précipitent autant qu'elles fuient.
La bande-son, faite d'une fusion de bruits et de notes (beau travail musical de Reno Isaac et Jean-Paul Dessy), ajoute sa nappe de brouillard où il fait bon tâtonner, se perdre, craindre, trembler et espérer. A l'instar du personnage d'Anne (la jeune femme, Christine Dory) qui est à la fois notre guide, le temps d'une nuit à Paris, et notre égarement. Ce qui est dit sur le tard du film : le vertige des possibles est celui de tous les possibles, tous les souvenirs des possibles. Ou bien… Ou bien, de Kierkegaard ; ou bien ou bien, selon Vivianne Perelmuter. Qui n'est pas, à lire vite le philosophe, à regarder à toute blinde le film, un catalogue de choix alternatifs où faire son marché mental, mais un principe d'incertitude, constitutif de toute existence, et qui autorise à passer par toutes les expériences de l'esprit.
Pare-brise. Dans le Vertige des possibles, ce