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RETRO

Pelayo, possédé par le dément

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L’Espagnol, tour à tour cinéaste, producteur de musique ou théoricien de la roulette, sort de l’oubli à l’occasion d’une rétrospective au Jeu de paume, à Paris.
Photo publicitaire pour une salle de cinéma du chef-d'oeuvre de Gonzalo Garcia Pelayo, «Vivir en Sevilla», réalisé en 1978. (Photo Gonzalo Garcia Pelayo)
publié le 18 mars 2014 à 17h06

Connaissez-vous Gonzalo García Pelayo ? C'est peu probable, et il faut bien avouer que, jusqu'assez récemment, nous non plus. La première fois que l'on en entendit parler, c'était à l'automne à la Viennale où, avant le cycle ouvert au Jeu de paume à Paris hier soir (1), s'était tenue une première rétrospective européenne de l'œuvre cinématographique de cet Espagnol de 66 ans. A l'annonce de la sélection viennoise, il y avait d'abord eu l'incrédulité et la honte de ne pas même connaître l'existence du cinéaste, manifestement tenu en très haute considération par ce festival, sans doute le plus cinéphile au monde. Puis, survint la suspicion, jusqu'à envisager la thèse d'un canular, lorsqu'on constata que personne autour de nous n'en savait beaucoup plus à son sujet - et si l'institution autrichienne avait inventé de toutes pièces une programmation factice, à la manière dont un fameux late show américain arpente les grands raouts musicaux hipster en faisant commenter aux festivaliers les concerts de groupes qui n'existent pas ?

Mais, si elle avait assurément son petit charme, la théorie du complot se heurta au fait que les films de Pelayo, au nombre de six, se trouvaient tous bel et bien là, et qu'ils étaient pour la plupart très beaux. Surtout, ils se révélèrent aussi les vestiges frémissants d'un continent secret des seventies espagnoles, témoignages du foisonnant underground sévillan d'alors, ivre de liberté, et d'une déflagration de créativité consécutive à la fin du