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Bruce LaBruce : il veut du queer

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Nostalgique de l’underground militant, le cinéaste canadien, 50 ans, se lamente de la normalisation du monde gay.
Paris, le 29 novembre 2013. Portrait de Bruce Labruce COMMANDE N°2014-1481 (Photo Audoin Desforges)
publié le 24 mars 2014 à 17h06

Il a une dégaine d'adolescent. Du genre de ces gosses teigneux, à la virilité ridicule parce que mal assumée, prête à exploser. Sauf que Bruce LaBruce a eu 50 ans en janvier et que son attirail (bagouzes, tee-shirt punk, jean déchiqueté) provoque chez l'interlocuteur un drôle d'effet. Il cache son visage derrière des grosses lunettes de soleil. Dans son genre, foutraque, il est apprêté, coquet. C'est un minet quinquagénaire, un dandy queer, qui était de passage à Paris, il y a quelques mois, pour assurer la promo de Gerontophilia, son nouveau film, en salles mercredi.

Que ceux qui ignorent le bonhomme aillent faire un tour sur Internet et qu'ils désactivent auparavant tout filtre parental. Car tout ce qui apparaîtra comprendra pêle-mêle : du SM, de la castagne, des vampires, des escort boys à gogo, des skinheads, des partouzes dans tous les sens. Vous en voulez encore ? Des femmes enceintes dénudées, des garçons torturés, des corps amputés, des scarifications, du sperme…

Avant la rencontre, c'est autour de l'étiquette de «provocateur», de Sade moderne, que s'envisage la discussion. Mais, dès les premières minutes, c'est d'une voix douce que le Canadien minimise l'insolence : «Je ne crois pas tellement à la vertu de la provocation. Beaucoup de mes films dérangent simplement parce que le public manque de vocabulaire pour en parler. Mon dernier film, LA Zombie (avec l'acteur X François Sagat), a été interdit en Australie, tandis qu'au festival de Locarno cer