Longtemps mise à mal à la suite de l'insuccès au Japon de Tokyo Sonata (2008), pourtant l'un de ses deux ou trois plus beaux films, la carrière de Kiyoshi Kurosawa se porte mieux, merci pour elle. Déconsidéré par les financeurs, et ainsi empêché d'œuvrer au cinéma, il lui aura fallu repasser par l'économie de production de ses débuts pour se trouver remis sur rails, l'an dernier, grâce à la bonne fortune de la splendide minisérie Shokuzai, tant à la télévision (japonaise) qu'exportée dans les salles (françaises).
Après le réalisme social seulement troublé par quelques fantômes de Tokyo Sonata, Real sonne le repli de Kurosawa sur un cinéma dit «de genre». Mais lequel ? Science-fiction d'un futur très proche, mélo comateux, film noir hypnagogique, conte romantique fleuri de fantômes de la mémoire et de créatures monstrueuses, Real mute sans cesse au gré des soubresauts et tortuosités d'un scénario adapté d'un roman à succès.
Fumerolles pastel. Le film s'ouvre sur une image étonnamment sirupeuse pour le cinéma de Kurosawa, celle du bonheur idyllique d'un couple, aussitôt pulvérisé par une ellipse. Un an plus tard, Koichi se trouve au chevet de son amante, dans le coma, à la suite d'une tentative de suicide inexpliquée. Pour