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Libération
CONCENTRATION

Par ici la sortie

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L’excellent, mais confidentiel «Leçons d’harmonie», du cinéaste kazakh Emir Baigazin, illustre la difficulté pour les petits distributeurs à imposer leur films en salles.
(Photo Arizona Distribution)
publié le 25 mars 2014 à 21h16
(mis à jour le 26 mars 2014 à 10h10)

En très longue ouverture des Leçons d'harmonie, la caméra baguenaudant dans la cour d'une ferme d'allure orientale, rien ne nous échappe, filmé au couteau, de l'égorgement puis de l'étripage d'un mouton. Routine paysanne ou exception sacrificielle ? On ne sait. Cette incertitude délicieuse nous plante dans le décor et ses habitants : quelques bâtiments usagés, une femme âgée, un adolescent mutique, mais qui sait s'y prendre et ne tremble pas pour trancher la gorge de l'ovin et le saigner. Serait-ce la première leçon d'harmonie, celle qui instruit d'une continuité des hommes aux bêtes, des bêtes à la terre ?

L'harmonie est aussi lisible dans les mouvements félins de la caméra qui rôde autour de la scène puis de ses personnages avant d'y bondir, jusqu'à finalement frôler les corps et les visages comme pour les griffer. Cette souplesse induit qu'on ne saute pas d'une saynète à l'autre, mais qu'on s'y glisse. Leçons d'harmonie est un long fleuve intranquille dont la liquidité apparente, son courant qui nous emporte de sa source mythologique à son embouchure dans le Lethé, est sans cesse perturbée par des tourbillons dangereux, des méandres ténébreux, qui n'entravent pas pour autant son mouvement, mais au contraire le complique et l'augmente.

Amulette. C'est ainsi qu'on passe des paysans au pays (définitivement le Kazakhstan), de la cour de la ferme à une cour d'école. Ecole de petite ville où le jeune garçon (13 ans), désorma