Telle l'hirondelle, le printemps est propice au retour du prono, oiseau d'augure plus connu sous le nom de «C'est quoi les films kiyora à Cannes ?» Le prono, à l'instar de la pie, vole ses infos par des moyens plus ou moins légaux (gorge profonde, chantage sexuel, pots-de-vin, contrat tchétchène) pour tenter de percer le coffre-fort mental de Thierry Frémaux (dirlo du Festival, photo), alors qu'il serait tellement plus simple de contacter un pote bossant à la NSA et le charger d'espionner son portable. Un peu partout, et surtout dans le Film français, organe des pros de l'audiovisuel, le ton est tellement au conditionnel qu'il faudrait inventer un nouveau temps pour conjuguer le verbe «sembler» : quelque chose entre le plus-que-parfait (j'avais semblé avoir tout bon dans ma boule de cristal) et le futur antérieur (je m'aurai semblé que je m'avais tout trompé de ligne direct avec le cerveau de Thierry). Ce qui expliquerait une forte recrudescence de tournures archiconditionnelles, où le «pourrait» fait rage : «pourrait présenter», «pourrait marquer», «pourrait voir». Le pot-pourrait est augmenté de moult «probablement» et autres «on parle beaucoup de…» Histoire de ne fâcher personne au cas où : «Ah les salauds ! Ton chef-d'œuvre n'est pas sélectionné.» Le ton «secret des Dieux» laisse aussi supposer qu'on fait du judo avec Thierry Frémaux et qu'à l'occasion d'un bon vieux o-goshi (grande bascule de la hanche), on compte bien lui faire cracher ses dents, puis
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