Lion d'or surprise à la dernière Mostra de Venise (président du jury Bernardo Bertolucci), Sacro GRA a soudain mis en lumière le travail discret d'un grand documentariste italien, Gianfranco Rosi, cinéaste parcimonieux qui n'a signé que quatre longs métrages en vingt ans. Né à Asmara en Erythrée en 1964, il a roulé sa bosse, filmant sur le Gange à Bénarès (Boatman), dans le désert californien (Sous le niveau de la mer) ou au Mexique (El Sicario, Room 164). Sa technique d'approche de ses personnages est toujours lente, il consacre beaucoup de temps à les repérer et à mieux les connaître, avant de débarquer avec sa caméra, souvent seul à l'image et au son. Sacro GRA est une pérégrination autour de Rome dans cette zone satellite ingrate qui bordure le périphérique.
Un aristocrate déchu dans sa villa rococo, des prostituées ayant franchi la limite d’âge, un infirmier secouriste, les locataires d’un HLM, un spécialiste des palmiers traquant les ravages d’un insecte parasite sur ses arbres chéris, un pécheur à l’ancienne jetant ses lignes sous l’autoroute, le film zigzague au gré de situations tour à tour cocasses ou poignantes. Peu à peu, comme toujours chez Rosi, la dimension anecdotique ou pittoresque ne cesse de s’approfondir, de gagner en profondeur existentielle. Le thème de l’épuisement d’une humanité grouillante et qui s’agri