Menu
Libération
Interview

Robin Campillo : «Je me suis surpris à filmer mon propre malaise»

Article réservé aux abonnés
Pour son deuxième long métrage, le réalisateur a tourné en partie dans son appartement avec des garçons de l’Est choisis au cours de castings sauvages.
Daniel (Olivier Rabourdin, au centre) qui se fait cambrioler en sa présence à l'issue d'une espèce de boum vide-greniers. (Photo DR)
publié le 1er avril 2014 à 18h16

Robin Campillo a 51 ans. Diplômé de l'Institut des hautes études cinématographiques (Idhec), proche collaborateur de Laurent Cantet, il a été longtemps militant à Act Up. Son premier film, les Revenants, sorti en 2004, a été adapté par Canal + pour la série du même nom, diffusée en 2012.

Comment avez-vous écrit Eastern Boys ?

Dans les Revenants, j'avais cette idée que la mise en scène était la maîtrise totale, le contrôle. J'ai écrit un premier scénario, et j'ai attendu quelques années. J'ai travaillé avec Laurent Cantet notamment, en tant que monteur et scénariste. Il y a eu un temps de maturation au cours duquel j'ai laissé le film cheminer dans ma tête. Pour ce casting, une longue réflexion sur l'origine des garçons a opéré. De quelle nationalité devaient-ils être ? J'ai pensé aux Russes, parce que cela me paraissait très loin de moi. J'ai regardé beaucoup de séries et de téléfilms. Et j'ai trouvé Kirill Emelyanov, qui joue Marek, et Daniil Vorobyov pour le personnage de Boss. Ils ont fait des essais là-bas, en russe et en anglais. Puis, il y a eu une semaine d'improvisation chez moi, avec Olivier Rabourdin, qui est Daniel. Et une traductrice. J'ai beaucoup tâtonné, réécrit au fur et à mesure de ces répétitions. Pour les garçons de la bande, il y a beaucoup de Tchétchènes, trouvés au cours de castings sauvages. En discutant avec eux, certains m'ont donné des détails, effroyables, de leur parcours, que j'ai ajoutés à la biographie de Marek. Il y a eu une dimension utopique au tournage, un espri