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Libération
CRITIQUE

«Pelo Malo» : le peigne du mal

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Un Venézuélien de 9 ans veut devenir une fille. Sa mère s’arrache les cheveux.
Junior (Samuel Lange) n'a pas les cheveux lisses qu'il désire. (Photo Pyramides films)
publié le 1er avril 2014 à 18h06

A en croire (in dossier de presse) Mariana Rondón, Pelo Malo, qui en espagnol littéral signifie «mauvais cheveux», est une expression vénézuélienne qui désigne les frisés, c'est-à-dire les métis. Expression à connotation légèrement péjorative puisque le, ou la, «pelo malo» est moins coté à la Bourse des valeurs esthétiques que le cheveu lisse et le visage blanc. C'est parce qu'il veut être beau, selon ces critères, que le très jeune héros du film, Junior, 9 ans, s'échine à se décrêper le chignon dans la salle de bain du modeste appartement qu'il partage avec sa mère célibataire.

Crooner. Peigne, brosse, sèche-cheveux, lotions diverses, on a mal pour son cuir chevelu quand on l'observe dans ses tortures capillaires pour passer de l'état de Michael Jackson enfant à celui de Mireille Mathieu adulte. Le cas sympathique d'un enfant folle et hystérique dont le cœur vibre à l'unisson d'une vieille chanson, Mi Limon Mi Limonero, d'un crooner vénézuélien des années 70.

C'est un motif de roman-photo à deux bolivars. N'était qu'il dessine son dessein dans un cadre nettement plus âpre. Nous sommes dans un quartier modeste de Caracas, qui passerait pour misérable en France alors qu'il n'est que pauvre. La mère est au chômage d'un boulot de vigile et va se montrer prête à tout, y compris à prêter son corps, pour retrouver du travail. Le conflit entre la mère et son fils est familial, le gamin étant le témoin encombran