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Libération
CARTEL

«Heli», barbare et céleste

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Le Mexique, terre de contrastes brutaux.
La frangine, le beauf et la caisse. (Photo Mantarrava)
publié le 8 avril 2014 à 18h06

Heli bosse à l’usine. Heli a un vélo. Heli, en rentrant du boulot, crève un pneu et arrive chez lui un peu plus tard que d’habitude, ce qui aura entre autres événements des répercussions tragiques pour sa famille. Pauvreté - mais dignité -, drogue et cartels, viols et violences, torture et pendaisons… Pour ce troisième long métrage, Amat Escalante veut nous conduire dans le nu de l’existence mexicaine. Il n’en demeure pas moins un réalisateur culotté.

Déflagrations. Un ciel blanc, le vent, dix secondes de calme et une rangers qui s'aplatit sur un visage couvert de sang à l'arrière d'un pick-up sale : dès le premier raccord, le film est victime des jeux de contraste chers à Escalante, réalisateur frontière, à la mère américaine et au père mexicain. Pour qu'un effet se voie, il faut le vide autour, principe sur lequel se construisait son précédent film, Los Bastardos, où une heure et demie de torpeur accouchait d'une incroyable crête de violence de trois secondes. Dans le Mexique d'Heli, la barbarie s'invite à la table d'une famille sans histoires, et ce choc initial produit de loin en loin ses déflagrations comme autant de répliques auxquelles spectateurs et comédiens finissent par s'habituer. Au centre du film, Escalante a placé un ventre, une scène de torture où le réalisateur s'amuse aux mélanges et verse tous les éléments - jeux vidéo, voyeurisme, banalité de la souffrance, codes des narcos... - qui vont nourrir son p