Les cinéphiles ont toujours eu le cliché en horreur. Or la vie d'Henri Langlois, dont le centenaire est célébré cette année par cette Cinémathèque française, qu'il a portée sur les fonts baptismaux, en est justement pleine. Entre son goût immodéré pour la confiture de rose, l'interminable liste des films qu'il a sauvés de la destruction, les bobines qu'il stockait dans sa baignoire parce qu'il n'y avait plus de place ailleurs, «l'affaire» qui porte son nom et qui, à l'occasion de son éviction par Malraux de la direction de la Cinémathèque, a fait gentiment débuter Mai 68 en février, l'homme est le personnage protéiforme d'un mythe maintes fois réécrit et dont il est sans doute impossible d'en définir les contours précis. «J'ai voulu faire cette exposition en retenant la devise de Liberty Valance : en imprimant la légende», dit Dominique Païni, écrivain, critique, producteur, ancien directeur de la cinémathèque et commissaire de l'expo.
Mur courbe. A l'appui de cette profession de foi, le parcours commence par un immense panneau de l'artiste Henri Foucault, Donne-moi tes yeux, qui regroupe des milliers de photogrammes de génériques à l'instant où apparaît le titre du film. Une manière de chatouiller immédiatement cette cinéphilie obsessionnelle que Langlois a mise sur les rails. «Attention, glisse Païni dans un sourire, l'artiste a ajouté quelques titres imaginaires.» Le ton est donné et se pour