Jean-François Rauger est directeur de la programmation à la Cinémathèque française depuis une vingtaine d’années. A ce titre, il est, lui aussi, un enfant d’Henri Langlois, dont l’établissement célèbre le centenaire. A cette occasion, Jean-François Rauger a travaillé à une programmation lui rendant hommage.
Comment établir une programmation consacrée à un programmateur, même s’il est le plus célèbre du monde ?
Evidemment, ce n’est pas simple de raconter le rapport au cinéma d’un type qui n’est pas cinéaste. La première question que nous nous sommes posée était : faut-il exclusivement remontrer les films que montrait Langlois ? Or, pour ne prendre qu’un exemple, il n’était pas très pertinent de montrer des films d’Ozu, que Langlois avait pourtant fait découvrir au public français, alors qu’une grande rétrospective est sur le point de commencer par ailleurs. Alors quoi ? Montrer les films des Ozu d’aujourd’hui ? En sachant que c’est là la vocation de tous les grands festivals internationaux, et que peu de films passent au travers de ces rendez-vous, était-ce vraiment le rôle de la Cinémathèque ? Enfin, le moins que l’on puisse dire, c’est que le contexte a bien changé. La Cinémathèque de Langlois, c’était une expérience. Pour montrer les films qu’il voulait, il fallait en passer par des copies parfois charbonneuses ou très abîmées, l’absence de sous-titres, les rayures, les bobines disparues…
Qu’avez-vous choisi finalement ?
Nous avons opté pour plusieurs partis pris. Certains historiques, comme la toute première séance du Cercle du cinéma, le ciné-club fondé par Langlois et Georges Franju en 1935, regroupant