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Libération
CAMéSCOPE

Urbi et ordi

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Douze ans après son premier film, l’Américain Andrew Bujalski, pape récalcitrant du «mumblecore», débarque enfin sur les écrans français avec «Computer Chess» et trois inédits DVD.
(Photo DR)
publié le 8 avril 2014 à 20h06
(mis à jour le 9 avril 2014 à 10h20)

Un hôtel miteux, érigé sur une aire d’autoroute texane, truffé le temps d’un week-end d’énergumènes à la dégaine corsée de nerds eighties, tous violemment puceaux et experts ès intelligences artificielles et simulateurs d’échecs. Un ordinateur mélancolique qui préfère désormais refuser le dialogue avec ses semblables pour ne plus se mesurer qu’aux humains. Un pauvre type qui erre de chambres en chambres comme une âme en peine, croisant une secte partouzarde au passage, jusqu’à s’enferrer dans une boucle temporelle en même temps que la plastique du film bascule de son noir et blanc hallucinatoire de caméscope vintage, dont l’image forme presque des fantômes à chaque mise au point, à des couleurs tout aussi irréelles.

Marges. Computer Chess n'est pas seulement la comédie la plus singulièrement désaxée, extravagante et orgueilleusement mystérieuse que vous croiserez sur un écran en ce printemps. C'est aussi l'anti-Her, la fable climatisée de Spike Jonze sortie il y a un mois. Soit un film d'un romantisme biscornu, faux documentaire lo-fi qui se refuse tout apprêt sensuel et choisit de scruter notre obsession des machines depuis une époque de futurisme rétro, 1984, presque une année zéro, où celles-ci ne cherchaient pas encore à nous séduire. Un parfait traité de notre relation à des écrans intelligents comme principaux intercesseurs, désormais, de tout rapport au monde - lorsqu'un personnage exige d'un autre qu'il effectue