On ne se laissera pas aller à employer de grands et gros mots, comme «phénomène», «tendance», voire «tendance lourde». Tout juste se bornera-t-on à relever que, parmi les films de jeunes cinéastes parus en salles ces dernières semaines qui nous auront un peu séduits et étonnés, un certain nombre, bon nombre même, suivait la pente esthétique d’un semblable minimalisme soustractif : une certaine propension à ausculter l’ordinaire et la banalité du quotidien de très près, à défalquer de leurs fictions les signes les plus apparents d’appartenance à un genre, comme pour mieux y laisser l’imaginaire du spectateur y faire son lit.
Avatar. Après notamment le splendide thriller dépourvu d'intrigue du Brésilien Kléber Mendonça Filho (les Bruits de Recife) ou le «film d'horreur sans horreur» berlinois l'Etrange Petit Chat, de Ramon Zürcher, voilà que le plus facétieux des jeunes cinéastes de Bucarest, l'un des deux ou trois plus doués aussi, Corneliu Porumboiu, fomente la fiction d'un tournage sans rien laisser deviner du film qui se tourne. Une manière de satire sociale où la société roumaine post-totalitaire n'apparaîtrait jamais qu'estompée ou surcadrée au fond du plan. Une farce au comique si insidieux et coupant qu'il tétanise le rire plutôt q