Le Portugal a connu de plus flamboyantes heures, et l’économie de son cinéma s’en ressent, ainsi qu’en témoignent ses comptes depuis plusieurs années en délicatesse. Mais en dépit des indénombrables crises essuyées, Lisbonne demeure le creuset d’une telle vitalité esthétique - sous l’effet de l’émergence depuis une décennie d’une nouvelle garde de cinéastes - que la capitale magnétise plus que jamais les ambitions de «lusodescendants» écloses loin au dehors des frontières du pays.
Ainsi de Basil Da Cunha, 29 ans, né en Suisse romande, mais venu jeune homme s'installer dans le ghetto lisboète de Reboleira pour y établir la fabrique de son cinéma. Une manière de Cinecittà personnelle et loqueteuse, grande ouverte à toutes les interférences du local, où il a tourné Après la nuit, un premier long métrage découvert à la Quinzaine des réalisateurs cannoise l'an dernier et qui bénéficie aujourd'hui d'une sortie expérimentale, entre salles traditionnelles et VOD. Sur la vie même de Reboleira et sa population majoritairement issue de l'immigration cap-verdienne, Basil Da Cunha a prélevé non seulement décors et personnages, mais aussi ses acteurs, ses collaborateurs de tournage et un récit aux développements recomposés au jour le jour, en collectif. En l'occurrence, une histoire branlante d'errance nocturne circonscrite au quartier, ses codes et sa langue créole, dans les pas de Sombra, clochard magnifique et lunaire à dreadlocks, épuisé de fuir sans cesse gangsters petits bra