Les cours, en dépit de leur réputation légèrement surestimée, n'appellent pas toujours les miracles. Voilà la morale mélancolique du huitième film de Pierre Salvadori (lire page VIII) qui ne cesse, depuis ses débuts, de chercher le délicat équilibre entre comique et tragique, l'éclat de rire restant souvent coincé dans le larynx par une furtive bouffée d'angoisse. Avec Dans la cour, il parvient à ce balancement gracieux avec une fluidité qui tranche singulièrement dans le paysage à demi-sinistré de la comédie à la française.
Cafard. La cour d'immeuble où se déroule la quasi-totalité de cette histoire n'est ni pittoresque ni charmante. Elle est même franchement lugubre, avec ses pavés douteux et ses plantes d'ornement que personne n'a jugé bon de maintenir en vie. Elle est, comme toutes les parties communes des vieux immeubles parisiens, l'agora dérisoire des rancœurs et autres croche-pattes réciproques des résidents, tous ou presque enhardis par ce patrimoine immobilier qui a métamorphosé n'importe quel propriétaire d'un petit trois pièces-cuisine en millionnaire arrogant.
Pourtant, ici, personne n’est foncièrement odieux. Ni l’emmerdeur patenté qui voit le mal partout (Nicolas Bouchaud), ni le squatteur membre d’une secte (Oleg Kupchik), ni l’ancien syndicaliste aux réflexes staliniens (Féodor Atkine) et encore moins le dealer (Pio Marmaï, très perché), qui partage volontiers son fonds de commerce.
Pourtant, quelque chose