Il n'y a rien d'étonnant à ce que Jesse Eisenberg ait trouvé le rôle le plus marquant à ce jour de sa (jeune) carrière dans son interprétation du créateur de Facebook, Mark Zuckerberg, pour le compte du Social Network (2010), de David Fincher. Parano, control freak, flippé, perclus de névroses sociales et vaguement cassant, Eisenberg laisse deviner qu'il pourrait l'être presque autant que son avatar à l'écran, tout du moins dès lors qu'il se retrouve en promo. Au point, l'an dernier, d'avoir fait pleurer une blogueuse qui repartit traumatisée de leur entretien, à la grande consternation des internautes - et Eisenberg ne sut peut-être rien de ce barouf indigné, lui qui revendique sa profonde défiance vis-à-vis des réseaux sociaux.
Mais ce ne serait pas rendre justice à un talent d'acteur qui se dévoile film après film comme immense que d'attribuer tous les mérites de son interprétation à une supposée ressemblance avec la figure qu'il incarne. Dans Night Moves, de Kelly Reichardt (lire ci-dessus), il apparaît presque aussi muet qu'il était bavard dans le film de Fincher. Sans prononcer mot ou presque, il impose son corps par les saccades quasi au ralenti de ses bras et enrubanne, par ses moues impassibles, son personnage d'activiste écologiste radical d'une présence résolument anxieuse. A échanger avec lui, tandis que se craquellent les remparts de froideu