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Libération
CRITIQUE

«Noor» désir au Pakistan

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Road-movie dans le sillage d’un «khusra», caste transgenre mythique.
publié le 22 avril 2014 à 18h06

Noor n'a rien d'un homme. Il a la démarche chaloupée, les cheveux longs, un visage fin sur lequel ne poussent ni barbe ni moustache. Sauf qu'il ne veut qu'une chose : être un homme. Ou plutôt, infléchir le destin qui l'a fait, alors qu'il était petit garçon, rejoindre les khusras. Au Pakistan, le mot désigne le troisième sexe, les transgenres qui vivent habillés en femmes, dansent dans les fêtes locales, survivent de pourboires ou de prostitution, et sont à la fois honnis et respectés.

Noor a passé son adolescence avec les khusras et, aujourd’hui, il ne veut plus en faire partie. Il travaille dans un centre de décoration de camions, sert le thé, aime une fille qu’il ne voit jamais. Noor est un banni, membre d’aucun genre, plus vraiment khusra, mais pas non plus homme comme les autres.

Le Français Guillaume Giovanetti et la Turque Çagla Zencirci ont tourné ensemble une série de courts métrages et de documentaires. Leur cinéma est voyageur (Japon, Iran, Allemagne…) et, avec Noor, docu-fiction filmé au Pendjab, le duo ne se départit pas de son approche humaniste, respectueuse et immersive. Dans le dossier de presse, les deux réalisateurs expliquent avoir découvert ce Noor-là dans un bazar de Lahore : «Même si c'était la première fois de sa vie qu'il rencontrait des personnes venant d'un autre pays, il […] nous a raconté le jour même son histoire.»

Giovanetti et Zencirci entrecroisent le vécu de leur acteur amateur-héros avec une dimension épique. Noo