En 1959, le code Hays de production, instauré en 1934, s'effrite mais assujettit pour quelques années encore la vie des écrans hollywoodiens. Un homme et une femme, debout et cadrés à hauteur d'épaules, s'étreignent dans une valse adossée à la cloison d'un compartiment de train couchettes. Leurs mamours s'entrecoupent chaque fois de petites paroles susurrées, sans doute pour mieux les garder de durer et de s'abandonner ainsi à ces «baisers excessifs et lascifs» proscrits par la règle de vertu. Lui (c'est Cary Grant) égare sa bouche dans le cou de sa partenaire (Eva Marie Saint), tandis que le visage de celle-ci manifeste une extase qui semble exagérée au regard des caresses reçues. Le baiser qui conclut interminablement la scène apparaît comme une bravade au code, tandis que la sonnerie du buzz du contrôleur retentit, comme pour signifier la fin des ébats dans le champ du visible, et la coupe imminente d'une ellipse concédée au censeur, laissant le spectateur à sa démangeaison érotique face à la Mort aux trousses, d'Alfred Hitchcock.
Il y a peu, le critique aux Cahiers du cinéma Stéphane du Mesnildot avançait pourtant sur son blog cette épatante intuition : la scène d'amour a bel et bien eu lieu sous nos yeux, mais ce que la bienséance ordonnée par le code l'empêchait de figurer à l'horizontale, il l'aura simplement filmé à la verticale. «Il suffisait de pencher la