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«La Reine Margot», reporter de naguère

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Restauré, le film de Patrice Chéreau est un documentaire de guerre éclairé par Vermeer.
La belle, la folle, la passionnelle Isabelle Adjani sous la pression d'Auteuil. (Photo L. Roux. Pathé)
publié le 2 mai 2014 à 18h06
(mis à jour le 5 mai 2014 à 10h34)

Dans l'instructif documentaire de Serge July et Guillaume Moscovitz, Il était une fois… la Reine Margot, en bonus de la version restaurée du film, on apprend (notamment de Danièle Thomson, coscénariste), que pendant la longue préparation du film, Patrice Chéreau collectionnait les reproductions de peintures classiques figurant le cadavre. En tête, le Radeau de la Méduse de Géricault. Mais aussi des images d'actualité découpées dans les journaux. Quelques semaines avant la présentation du film à Cannes, en mai 1994, les massacres ont commencé au Rwanda et la guerre civile dans l'ex-Yougoslavie continue à faire rage. «Ce qui m'a décidé, c'était principalement les guerres de religion, explique Chéreau. Et de découvrir très vite, au fur et à mesure de l'écriture du scénario, qu'on allait raconter une histoire où les gens allaient tuer au nom de Dieu.» Autant dire un film visionnaire, plus que jamais d'actualité, mais à caractère éminemment éthique. Pour preuve, le massacre de la Saint-Barthélemy, acmé du récit, qui est plus un «documentaire» sur le jour d'après (des centaines de cadavres de protestants jonchant les rues) qu'une insistance sur les gestes de la boucherie nocturne. Margot-Adjani rôdant dans Paris au petit jour en compagnie d'Henriette,sa confidente (Dominique Blanc, impériale) c'est tout à fait un reporter de guerre arpentant le champ après la bataille.

Quant au style… En effet peinture et photographie s’entrechoquent, à la fois