«Alors, il a aussi fallu inventer son cri. Akira Ifukube, le musicien qui était en train de composer la bande originale du film, emprunta discrètement une contrebasse au conservatoire de musique de Tokyo et frotta contre les cordes un gant de cuir et enregistra ce bruit, puis il le fit passer au ralenti, parvenant à obtenir l'un des rugissements les plus célèbres de l'histoire du cinéma.» Ce texte, extrait de la performance de l'écrivain et dramaturge Christophe Fiat, le Cri de Godzilla, décrit le gémissement originel du gros lézard inventé par le cinéaste japonais Ishiro Honda en 1954.
Qu’est-ce que le «cri» de Godzilla a de spécial ?
Pourquoi vous être intéressé à lui ?
En 2011, trois semaines après le 11 mars, je suis allé visiter la ville d'Iwaki, à 40 kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima. A mon retour, j'ai publié un roman, Retour d'Iwaki, paru chez Gallimard, hanté par le fantôme de Godzilla. Dès que l'homme abuse du nucléaire, il se réveille pour nous protéger en nous faisant peur. D'ailleurs, dans les films japonais, les gens sont effrayés, mais pas étonnés de son existence. Il participe du merveilleux nippon avec d'autres monstres, Mothra, King Ghidorah, qui sont soit ses amis, soit ses ennemis. Godzilla n'est pas seulement un personnage de cinéma, il devient lui-même un genre, le Kaiju Eiga («films de monstres»), le film d'horreur nucléaire.
A-t-il la même signification au Japon qu’aux Etats-Unis ?
Au Japon, Godzilla est un esprit, un kami, il a à voir avec les croyances des peup