Comment ça va le cinéma français ? «Super-lol !» répondront les heureux producteurs de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? de Philippe de Chauveron, qui a franchi la barre des 6 millions d'entrées. Et les autres ? Les peu gradés et faiblement dotés ? C'est nettement moins lol et même, pour certains, c'est par ici la sortie. A l'occasion du Festival de Cannes, capitale mondiale du cinéma d'auteur, nous avons convié à une table ronde cinq producteurs-distributeurs pour débattre aussi bien des conditions de financement que des nouveaux moyens de diffusion de ces «petits» films qui font la fameuse «différence culturelle» française.
De nouveaux tuyaux
Martine Marignac (Pierre Grise Productions) : Les plus anciens d'entre nous ont vécu au début des années 80 la fin d'un système de production où les décisions d'investissements étaient verticales. Le producteur voyait un distributeur qui voyait un exploitant. Toute cette chaîne de décisions convergeait vers une seule idée : qu'est-ce que ça va devenir ce machin, le film, en salles ? A partir du moment où les télévisions sont devenues les premiers bailleurs de fonds du cinéma, tant du côté du service public que du privé, Canal + en tête, la chaîne de décisions a changé puisque la question que posent les télés, question légitime dans leur logique, c'est : qu'est-ce que le film va donner à l'antenne vis-à-vis des annonceurs, de l'audience ? Ce qui en effet peut susciter de leur part une certaine envie de standardisation du ciném