Jean-Sébastien Steyer, paléontologue au CNRS affecté au Muséum national d’histoire naturelle, décrypte la nature du monstre mutant, à la lumière des connaissances actuelles.
«Dans le premier film d’Ishiro Honda, il s’agit d’une espèce fossile qui se réveille à cause d’essais atomiques américains dans le Pacifique. Godzilla apparaît en 1954 dans un contexte tendu entre les Etats-Unis et un Japon encore traumatisé par les bombes atomiques. Le film cependant ne fait pas référence à Hiroshima ou à Nagasaki, mais à la contamination d’un thonier par les retombées radioactives d’un test nucléaire américain au large de l’atoll de Bikini.
«Dans le film de 1954, l’un des personnages est un paléontologue qui mène l’enquête: il s’agirait d’une créature intermédiaire, entre un reptile marin et des espèces terrestres plus évoluées. Godzilla était considéré comme un "chaînon manquant" de l’évolution, mais ce terme est aujourd’hui désuet.
«L'évolution n'est pas graduée, mais un processus buissonnant et aléatoire. On parle plutôt d'espèce présentant une mosaïque de caractères: le bas du corps d'un tyrannosaure, des écailles de spinosaure, un museau d'ours ou de chien, un buste de gorille… Godzilla est un mot valise qui signifie "gorille-baleine" en japonais. Le monstre hybride se déplace rapidement sous l'eau, propulsé par une queue puissante rappelant celle des crocodiles. Tout le monde convient que c'est un reptile mais de quel type ? Il possède des caractéristiques de dinosaure, son côté bip