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CANNES

Le mystère de «la Chambre bleue»

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Mathieu Amalric adapte le roman de Simenon, façon Hitchcock provincial.
Les bruits de la passion entre Mathieu Amalric et Stéphanie Cléau. (Photo Alfama films)
publié le 15 mai 2014 à 19h36

Avant d'être un long métrage, la Chambre bleue est un projet cinématographique pouvant prêter à confusion, à cause d'une illusion d'optique, un peu comme si un film-mirage masquait le film réel. De loin, ce projet pourrait ressembler au véhicule prévisible et trop confortable des vanités bourgeoises du cinéma français. Un wagon Pullman, une limousine full options dans laquelle l'enfant gâté Mathieu Amalric, petit prince français des castings internationaux prestigieux et tête d'affiche des cinéastes les plus pointus de l'Hexagone, s'entête à faire le cinéaste.

Ne se refusant rien, il se paye le luxe d'adapter un roman de Simenon que ses maîtres Pialat ou Chabrol ont convoité avant de s'y casser les dents. Caprice dépassant toute mesure, il attribue le rôle féminin principal de cette fiction criminelle à sa propre compagne dans la vie civile, Stéphanie Cléau (lire aussi page VI). Pis : celle-ci n'est même pas une comédienne professionnelle, et le cinéaste se vante de ce geste limite Citizen Kane, allant jusqu'à claironner : «C'est même le contraire d'une actrice !» Enfin, il est quasiment inutile de le préciser, Amalric s'octroie le rôle du héros-amant de son héroïne-maîtresse, et une bonne partie du film consistera à exhiber sans détour la dimension charnelle, sinon lascive, de cette relation. Et comment sanctionne-t-on une telle caricature de cinéma français égocentrique et ethnocentré ? En lui faisant l'honneur des trompettes can