Une fois que l'on a constaté l'évidence, selon laquelle Party Girl est une variation au féminin de Meurtre d'un bookmaker chinois, on a tout juste esquissé un cadre esthétique - un cabaret sublime et sordide - et sous-entendu que le personnage principal était une femme. Mais on n'a pas encore dit que la singularité de ce premier long métrage à six mains tenait tout entière à une ambiguïté construite autant sur l'écran qu'en dehors. La «Party Girl» du titre est Angélique (lire page VII), ex-entraîneuse d'un cabaret lugubre de Forbach (Moselle).
«Boucher». Autrefois, elle a été la reine de la nuit, star de cette petite pièce obscure et enfumée, où les sourires des filles sont aussi mal cousus que leurs costumes élimés, où des hommes ivres surinterprètent la virilité décontractée et où la musique joue toujours trop fort. Aujourd'hui, Angélique, atteinte par la limite d'âge, accepte d'abdiquer de son microscopique royaume pour se marier avec Michel, un vieil habitué. On croit reconnaître dans ce point de départ l'anecdote sinistre que raconte Cosmo (Ben Gazzara) dans le film de John Cassavetes : «Ma mère était une marrante. Un grand sens de l'humour. Tellement drôle qu'un jour, elle s'est enfuie avec un gros boucher.» Et on en est tout à fait certain quand, à l'occasion de ces noces, Angélique réunit ses quatre enfants parmi lesquels Samuel, Parisien d'adoption et, c'est essentiel, coréalisateur du film (av