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Libération

Où on nous a oubliés à Paris

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publié le 15 mai 2014 à 19h36

Le premier coup de téléphone reçu de nos envoyés spéciaux à Cannes a donné le ton : «A quelle heure vous rendez votre chronique ?» Bonjour aussi. Et quel bonheur de partager ce moment unique qu'est le Festival de Cannes avec vous, nos copains du service Cinéma, hein. Oui, c'est à toi qu'on parle, Didier Péron. Souviens-toi, c'était lundi soir et, nez en l'air, tu es passé à côté de nous, tirant ta valise à roulettes. On a dit : «T'oublies rien ?» Tu as répondu : «Haha.»

Voilà, ils nous ont oubliés à Paris, contraignant à transformer ce qui devait être une chronique glamour tentant de marcher sur le tapis rouge de vedettes dans les pas de l'immense Laurent Weil, en un petit billet fielleux sur ce qu'on pourrait voir de Cannes sans y être, au travers des écrans, en regardant les autres, ceux qui y sont. Ainsi, a-t-on lu Isabelle Regnier, du Monde, raconter sur son blog la «déferlante de visages connus sur le quai de la gare». Ainsi a-t-on dévoré Philippe Azoury, de l'Obs, narrant son festival comme un rail de films sniffé quinze jours d'affilée. Ainsi a-t-on suivi, sur Twitter, haletant, le réalisateur québécois Xavier Dolan dans la quête de son passeport («It was in the freezer»). Notre mouise a été telle que, regardant à la télé la cérémonie d'ouverture, on n'a même pas réussi à dauber. Au lieu de l'habituelle actrice évaporée posant le dos de sa main sur son front en exhalant son «rêve de pellicule», c'é