Le Yorkshire au cœur de l’hiver est sans doute l’un des endroits de cette planète qui invitent le plus volontiers à la dépression nerveuse, voire au suicide. C’est aussi la toile de fond idéale de ce premier long métrage d’une obscurité glacée qui utilise le paysage comme un personnage à part entière, témoin d’une poursuite d’autant plus hypnotique qu’elle conserve tous ses mystères de bout en bout.
Possédés. Un petit couple de très jeunes gens vit dans une caravane paumée dans un camping des Moors, le parc naturel local. Elle, Laila, est d'origine pakistanaise, porte des baskets et des cheveux roses qui se marient parfaitement à ses yeux dorés. Lui, Aaron, est un petit Angliche à l'accent incompréhensible qui passe son temps à fumer des trucs qui font rire. Ils font les zouaves, se droguent un peu, s'amusent beaucoup et dansent comme des possédés sur Patti Smith, à bloc, dans l'une des plus belles scènes du film. Mais ils restent en permanence sur leurs gardes. La menace, réelle, se présente sous la forme d'un groupe d'hommes animés, à l'évidence, de mauvaises intentions. Quatre sont des «Pakis», comme on dit dans le fleuri argot raciste anglais, deux sont des lads, ce qui, dans la même langue, veut à peu près dire voyous un peu fachos sur les bords.
Pourquoi les veulent-ils ? Qu’ont-ils fait pour mériter de devenir des gibiers aussi précieux ? C’est le grand secret du film mais, au fond, quelle importance ? Ce qui compte, ce qui