Chaque jour, les films projetés à Cannes passent le test de Bechdel. Une évaluation des œuvres «women friendly».
A priori, Saint Laurent, film par ailleurs magnifique de Bertrand Bonello, était parti pour obtenir un zéro pointé au test de Bechdel. Car si le fait d'armes du créateur est bien d'avoir réinventé la silhouette féminine, les femmes ne sont dans le film de Bonello, comme dans la vie de Saint Laurent, que des silhouettes. A l'aube de sa vie, le couturier s'inquiétera d'ailleurs auprès d'un fidèle serviteur, au sujet des deux mannequins de sa vie, Loulou de la Falaise et Betty Catroux : « Pensez-vous que je leur ai donné autant que ce qu'elles m'ont donné ? ».
Ces deux très belles femmes incarnées par Léa Seydoux et Aymeline Valade apparaissent régulièrement à l’écran, au cours de séances d’essayage, sur une piste de danse ou langoureusement avachies sur l’épaule du maestro. Elles se connaissent et la familiarité de leurs gestes évoque une certaine complicité. Mais jamais on ne les voit échanger. La parole est pourtant l’un des moteurs du film, mais il s’agit d’avantage d’une voix intérieure que de dialogues : Saint Laurent demeure à chaque instant l’unique épicentre du film.
Evidemment, le sujet s'y prête : comme son titre l'indique, le film est un biopic. Mais cette focalisation sur le regard et le désir masculin est de toute façon propre au cinéma de Bonello : dans L'Apollonide, le cinéaste mettait les femmes à nu ; il les