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Libération
Sur l'échelle de Bechdel (2)

Trois films pris dans le piège de la chevelure féminine

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«Timbuktu», «Bande de filles» et «Le procès de Viviane Amsalem» glorifient la femme. Mais cèdent aussi à un stéréotype tenace.
par Pamela Pianezza (Tess Magazine)
publié le 17 mai 2014 à 10h01

Chaque jour, les films projetés à Cannes passent le test de Bechdel. Une évaluation des œuvres «women friendly».

Assise au milieu des dunes, Satima, une belle Touareg, lave sa longue chevelure dans une bassine, tout en discutant avec sa fille Toya. Arrive l’un des nombreux djihadistes qui ont fraichement envahi la ville voisine de Tombouctou et imposent aux femmes le port du voile, de chaussettes et de gants, même à la marchande de poisson sur son étal… Il exige d’elle qu’elle couvre sa tête pour ne pas l’offenser. Sans même lever les yeux vers lui, Satima réplique qu’il n’a qu’à regarder ailleurs. Pourquoi a-t-il fait tout ce chemin si la vue ne lui plaît pas ?

Peu bavardes, la mère et la fille évoquent surtout l'époux et père adoré, parti garder les vaches, ainsi qu'un jeune berger que Toya admire. Mais puisqu'elles discutent aussi, un peu, du quotidien de leur vie dans le désert, Timbuktu, du Mauritanien Abderrahmane Sissako, passe de justesse le test de Bechdel : il y a bien dans son film deux personnages féminins, portant des noms (que l'homme de leur vie répète d'ailleurs comme un mantra) ; on les voit discuter entre elles, et pas seulement au sujet d'un homme.

Cette scène du shampoing fait étrangement écho à deux autres, vues dans des films cannois au propos très clairement féministe. Dans le très puissant Gett: Le procès de Viviane Amsalem