Chaque jour, les films projetés à Cannes passent le test de Bechdel. Une évaluation des œuvres «women friendly».
Toujours prompt à remettre en cause les habitus collectifs, Ruben Östlund s'était attaqué dans son précédent film, Play, au modèle d'intégration suédois réputé si parfait. Dans Force majeure (Un certain regard), il explore un nouveau terrain de jeu, celui du couple, à partir d'un postulat pour le moins original : les enquêtes concernant les catastrophes maritimes révèlent que le pourcentage de survivants masculins est toujours plus élevé que celui des survivants féminins. «Dans des situations de vie ou de mort, lorsque la propre survie d'un individu est en jeu, il semble que les hommes ont davantage tendance à s'enfuir et sauver leur vie que de protéger les femmes, ce qui constitue une cause très fréquente de divorce, assure-t-il. Cela m'a donné envie de parler de la notion reçue selon laquelle un homme est supposé être le protecteur de sa femme et de sa famille et du code social selon lequel l'homme ne doit pas reculer face au danger.»
Dans Force majeure, Östlund soumet donc ses personnages à la tentation d'être lâche. Le film s'ouvre sur une joyeuse arrivée sur les pistes de ski des Arcs d'une famille plus que parfaite : Tomas, Ebba et leurs enfants Vera et Harry. Le genre de famille où les garçons s'habillent en bleu, les filles en mauve et où personne n'aurait l'idée de voyager sans sa brosse à dents