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Libération
CANNES

Kleist, comment se dire à deux

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Evocation de la fin de vie suicidaire du dramaturge allemand.
(Photo DR)
publié le 18 mai 2014 à 19h46

Réaliser un film sur Heinrich von Kleist, voilà une idée bien cool. Surtout depuis que l'écrivain et dramaturge allemand a connu un nouveau regain d'intérêt avec l'adaptation de son Michael Kohlhaas l'an dernier. Le parti pris de Jessica Hausner n'est pas de traiter l'intégralité d'une existence qui pourtant fut riche en événements (son emprisonnement, sa relation torve à Goethe…), elle se contente de la période qui précéde le suicide de Kleist en 1811, dont les circonstances sont fameuses.

En effet, complètement dégoûté de l'existence, ses derniers espoirs ayant paraît-il été laminés par la lecture des écrits de Kant, Kleist non seulement voulait en finir le plus rapidement possible, mais pas seul. Ainsi on le voit au cours du film brancher plusieurs femmes en leur proposant de mourir avec lui. La plupart le prennent pour un fou, mais Henriette Vogel, bourgeoise effacée mijotant dans le tiède monde du confort protestant et lectrice admirative de la Marquise d'O, dresse l'oreille. Quand on lui annonce qu'elle a un cancer incurable, elle accepte de l'accompagner dans la mort.

L'histoire est vraie et la cinéaste autrichienne Jessica Hausner (qui avait signé Lourdes, avec Léa Seydoux en 2009) la raconte avec l'ironie glaciale d'une esthète du plan tab