On peut mettre du temps à aimer la petite communauté dans laquelle nous immerge les Merveilles, deuxième long métrage de l'Italienne Alice Rohrwacher, remarquée avec Corpo Celeste (Quinzaine 2011). Et d'ailleurs on peut refuser de la soutenir, malgré son héroïsme tangible. On peut même ne pas consentir à lui donner quitus de ses mœurs étranges et de la rusticité spartiate où semble vouloir absolument la cantonner le chef de tribu Wolfgang, d'origine indéterminée, planqué avec sa femme et ses quatre filles dans un coin oublié d'Italie.
Millefeuille. Toute la famille, même les plus jeunes enfants, contribue à la petite exploitation apicole qui les fait chichement vivre. Zoomant toujours mieux sur l'attachante silhouette de la fille aînée Gelsomina, le film montre très vite ce caractère surprenant : il nous rend témoin et jamais complice, il nous fait cheminer du préjugé au jugement, mais ne prédétermine en rien la substance de ce dernier.
Ce n'est pas la seule originalité des Merveilles, qui peut se voir comme un millefeuille miroitant où se calculent et se réfléchissent des questions liées à notre identité contemporaine. Le film lui-même est difficile à identifier comme «italien», malgré ce qu'affirme son état civil. Non seulement on y parle plusieurs langues mais rien dans le style, l'écriture, le jeu et la substance du récit ne peut se comparer avec ce que l'Italie a récemment produit. Dire que la cinéaste est o