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Libération
Cannes

«Foxcatcher», emprise multiple

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Deux frères lutteurs tombent dans les griffes d’un milliardaire maboul. Subtil.
Le milliardaire John E. Dupont (Steve Carrell méconnaissable) et le lutteur Mark (Channing Tatum). (Photo Fair Hill)
publié le 19 mai 2014 à 20h06

Deuxième film américain présenté en compétition, Foxcatcher n'est peut-être pas un candidat crédible à une palme d'or si l'on fait des pronostics sur les goûts de la présidente du jury, Jane Campion, qui trouvera sans doute l'élégante mise en scène d'un trop grand classicisme. Mais le film offre sur un plateau le bouquet garni de deux possibles prix d'interprétation masculine. Le match se joue entre le comique Steve Carell, méconnaissable tant il est recouvert de postiches, et le molosse écorché Channing Tatum. Le cinéaste confirme sa maîtrise de la direction d'acteurs, il avait déjà permis en 2006 à Philip Seymour Hoffman de décrocher un oscar dans le rôle-titre de son Truman Capote.

Foxcatcher raconte une histoire de manipulation, et on pense souvent au Master de Paul Thomas Anderson sorti en 2012, ou comment un pauvre type un peu ahuri est poussé à bout à coups de grands mots flippants par un directeur spirituel torve. Malgré cet écho frappant, on ne saurait cependant imaginer films plus dissemblables dans leur réalisation tant, là où le film d'Anderson plastronnait sur un mode hystérique sa virtuosité et ses leçons d'histoire, celui de Bennett Miller trouve sa brillance dans sa dilatation, son régime de combustion lente, ses gags inquiets qui surgissent quand