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Libération
Cannes

«Deux Jours, une nuit», l’enjeu des 1 000 euros

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Marion Cotillard en femme courage tente de convaincre ses collègues de renoncer à leur prime. Les Dardenne au plus haut.
Marion Cotillard et le sublime Fabrizio Rongione. (Photo Christine Plenus )
publié le 20 mai 2014 à 19h26

Mille euros ? Selon vos moyens, cette somme, cette question, vous éventre ou ne vous fait pas plus d'effet que le prix d'une nouvelle paire d'escarpins. Mais dans ce dernier cas, vous êtes minoritaire. Il manque 1 000 euros à pratiquement tout le monde aujourd'hui : à la fin de la semaine, du mois, de l'année. Mille euros, pour une écrasante proportion de citoyens, même européens, mêmes belges, c'est énorme, vital, indispensable. C'est une des premières qualités de Deux Jours, une nuit que de pratiquer la vérité de ces prix-là. A Seraing, ville-monde de Luc et Jean-Pierre Dardenne, 1 000 euros, c'est le montant d'un devis pour la construction d'une pauvre terrasse attenante à un pavillon ouvrier. Mille euros, c'est le montant pour un an de la facture de gaz et d'électricité. Dès lors, quand les 1 000 euros deviennent une prime suspendue comme à un hameçon au-dessus du vivier d'une petite entreprise de Wallonie, la déflagration humaine est atomique. Les salariés de la société Solwal doivent choisir par vote entre cette prime et le maintient parmi eux de leur collègue Sandra. Cette dernière, trop fraîchement remise d'une dépression, semble de toute façon avoir perdu les bons globules de la compétitivité aux yeux de son patron. Le choix de la prime est voté à la majorité de la dizaine d'employés, et pour Sandra, mariée, deux jeunes enfants, c'est par ici la sortie.

Dans la réalité de l’Europe en crise, l’histoire, le plus souvent, s’arrêterait là, dans un cul-de-sac en