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CANNES

«Jauja» grandeur mature

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Festival de Cannes 2014dossier
L’Argentin Lisandro Alonso atteint sa plénitude cinématographique avec un western de la pampa, «starring» Viggo Mortensen.
Viggo Mortensen en pampa poule. (Photo Le Pacte)
publié le 20 mai 2014 à 19h46

Contre toute attente, Jauja commence comme un western et finit comme un conte de fées. Parions que pour Lisandro Alonso aussi ce cinquième film fera pivot. C'est d'abord son plus accessible. Pas seulement parce qu'il a Viggo Mortensen pour tête d'affiche : la limpidité du récit, peu expansif en dialogues, ne souffre aucun défaut, l'image est littéralement splendide et le scénario brasse une matière romanesque d'une ampleur à laquelle le cinéaste argentin ne s'était encore jamais mesuré.

Jauja nous projette dans la Patagonie de 1882, monde primitif et grandiose où viennent de débarquer le capitaine danois Dinesen et sa fille Ingeborg. Avant de traverser le désert avec des soldats, ils bivouaquent. L'un des militaires réclame à Dinesen sa fille, qui en préfère un autre. Au matin, Dinesen se réveille seul, et le film va l'accompagner dans sa traque des ravisseurs d'Ingeborg.

Fusil. Ce qui est toujours aussi fort dans le cinéma de Lisandro Alonso (Los Muertos, Liverpool), c'est sa pureté sans angélisme, sa candeur cruelle, sa pudeur diabolique. On ne peut imaginer cinéma mieux dégraissé et pourtant, sur cet os, Alonso déchiffre pour nous les vibrations de la beauté animale et grave les tatouages du sang, du sexe, de la soif… Dans une séquence d