Pour traduire Whiplash, il y a l'embarras du choix. «Coup de fouet», qui correspond à l'ambiance solidement SM du film, décortiquant la relation névrotique entre un professeur et son élève d'une école de jazz de New York. «Coup du lapin», qui rappelle avec justesse le caractère assommant de son développement. Mais n'allons pas trop vite. Whiplash est aussi le titre d'un morceau de Hank Levy que l'orchestre de l'école répète jusqu'à épuisement sous la direction de l'officier de la Gestapo qui fait office d'enseignant. C'est lui le personnage principal de cette variation autour du thème du maître et de l'esclave, soit J.K. Simmons, acteur américain qui a baladé son regard de crotale dans mille films. Il donne ici sa pleine mesure, avec crâne rasé, langage ordurier et sourire cruel, sans toutefois atteindre la sidération provoquée par R. Lee Ermey, le sergent instructeur de Full Metal Jacket, qui a essoré cette partition sans doute pour toujours.
L’objet de toute son attention est un jeune batteur falot (Miles Teller, au pauvre sourire permanent) qui s’offre corps et âme aux caprices sadiques de son mentor dont les méthodes pédagogiques doivent beaucoup aux techniques d’interrogatoire à Guantánamo et qui s’appuie sur la légende selon laquelle Charlie Parker ne serait devenu Bird qu’après une humiliation publique.
Ce n’est pas tant le sujet qui use à la longue, mais le caractère prévisible des innombrables face-à-face entre la victime et le bourreau. Cha