Menu
Libération
Cannes

«Adieu au langage»: Godard nom d’un chien !

Article réservé aux abonnés
Festival de Cannes 2014dossier
«JLG» resurgit en 3D et se confronte aux grands maîtres de la peinture.
Roxy Miéville. (Photos Wild Bunch)
publié le 21 mai 2014 à 19h46

Un jeune acteur inconnu est le personnage principal d' Adieu au langage. Il s'appelle Roxy Miéville, et tout prouve, à longueur des plans le cadrant, qu'il s'agit d'un chien. Un chien de famille, un familier en tout cas, puisque Miéville est aussi le patronyme d'Anne-Marie, la fidèle compagne de Jean-Luc Godard. C'est une blague ou quoi ? Oui, c'est une blague, un vrai gag. De ceux qui, comme dans un Charlot d'antan, nous font suffoquer de rire, nous soulagent de l'esprit de sérieux, nous vengent des nuques raides qui, au choix, embaument prématurément Godard ou le massacrent a priori. Roxy, peut-être, est le vrai héros du film, corniaud de rêve, qui pisse, qui dort, qui gémit, qui furète, chien cinéaste, donc mélancolique, qui a toujours l'air de n'en penser pas moins. Si la parole lui manque, son bon regard est là qui nous dit : «Allez, on y va, pas de panique, ça va aller.» Alors allons-y franchement, dans le sillage de son panache, cet idéal quant à soi.

Tourné en 3D avec des smartphones, des caméras Go-Pro, des appareils photo, Adieu au langage peut être accueilli comme une prouesse technique éblouissante. Mais c'est plutôt comme un peintre moderne (Nicolas de Staël à la volée) qu'il faut envisager Godard face au défi du relief et aux disciplines qu'il impose : dessiner un motif parfaitement classique sur sa toile, avant de le brouiller en y projetant du sable, en f