Menu
Libération
PORTRAIT

Bruno Dumont : fine gâchette

Article réservé aux abonnés
Réalisateur de la série télévisée «P’tit Quinquin» et franc-tireur en colère.
publié le 22 mai 2014 à 18h06

Usinage médiatique cannois oblige, on en perd nos bonnes manières légendaires. Et puis, ses films l'attestent, l'ex-prof de philo Bruno Dumont n'est pas en sucre. Alors on a foncé dans le tas : «Vous savez faire rire, donc. On ne s'y attendait pas.» Lui, zéro tressaillement et regard ciel impénétrable derrière les lunettes de soleil : «Moi, je savais. On a tous ça en nous, le drame et le comique, c'est ce qui équilibre d'ailleurs. Du drame, j'en ai beaucoup fait, et je n'ai plus envie d'être dans ces eaux-là. Et puis le comique, c'est très profond. J'ai beaucoup d'admiration pour Blake Edwards, les Monty Python, les comédies italiennes aussi, et Alfred Machin, qui n'est pas trop connu, et Mocky, Louis de Funès, les Branquignols…» Une culture burlesque que le fils d'obstétricien a acquise enfant, par la télé. Quel gamin était-il, le natif de Bailleul, 56 ans ces temps-ci ? «Un p'tit quinquin, un chenapan et, comme lui, j'ai été enfant de chœur, et fou amoureux.»

Tabasco. Dumont réalisateur d'une série télé, a priori, ça fait transfuge dans l'air du temps, arrivée d'un pistolero paradoxal dans le nouvel eldorado arty. Dumont, qu'on aurait bien imaginé en gardien du temple Cinéma façon artisan dans son coin : «Moi, je suis ouvert à tout, et quand Arte m'a fait la proposition, j'ai dit oui tout de suite. J'ai vraiment eu carte blanche, la seule contrainte était que cela face quatre fois 52 minutes, avec des épis