Du considérable contingent de films venus d’Israël programmés cette année au détour des diverses sélections cannoises (cinq représentants, tout de même), on retient peu d’éblouissements, mais ce seul constat : la question israélo-palestinienne, naguère inévitable sujet imposé, se trouve reléguée cette année à la marge, au profit d’une investigation d’autres tensions, notamment de classes ou de sexes.
Archaïsmes. A ce déplacement des préoccupations, on peut soupçonner un film d'être le possible point d'origine. Soit le Policier, remarquable premier long métrage de Nadav Lapid, mise en pièces de l'appareil social et de son culte des corps, dont le retentissement, mérité, trouva d'idéales chambres d'amplification à la fois dans un prix spécial du jury glané au festival de Locarno et dans les menaces de censure gouvernementale qui pesèrent sur sa sortie domestique.
Il n'est dès lors guère de surprise à ce que la deuxième réalisation de Lapid, l'Institutrice, ramasse les inclinations thématiques à l'œuvre chez tous les autres (machismes, archaïsmes et brutalités du corps social israélien) pour les rassembler dans un récit carnassier, d'une puissance de feu esthétique et politique sans égale parmi ses pairs - au point que l'on se demande encore comment la sélection officielle a pu le laisser filer.
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