Pour qu'il tienne debout, le Festival de Cannes ne peut pas seulement carburer aux grands films à la dignité indiscutable. Il a besoin de se casser en deux pour tenir debout, de sentir dans son système nerveux de plus en plus embrumé le genre d'épilepsie synchrone qui le réveille et lui secoue les puces. C'est exactement ce qui s'est passé hier avec la projection du Mommy de Xavier Dolan : on a senti que des gens qui ne peuvent plus se saquer à force d'arpenter le même périmètre depuis une dizaine de jours accrochaient ensemble au coup de force désinhibé du freluquet canadien.
Twitter, qui avait lancé mille fléchettes à poison dans le dos de Hazanavicius, qui se souviendra de son passage 2014, a inversement éclaté en love messages plus ou moins embarrassants, pâmés en Mommy mentalement : «Un film qui symbolise nos vies qui partent en live», «un feel good movie bouleversant et dévastateur», «Xavier Dolan, mon gars, je te kiffe». Idem côté presse étrangère avec des critiques élogieuses du Guardian, de Variety («original work from Canadian enfant terrible») ou du Hollywood Reporter qui parle du «flamboyantly coiffed Quebecois writer-director who put the auteur into hauteur» (l'abus d'alcool commence se faire bien sentir). Comédien en bas âge - selon Wikipédia, il aurait tourné à 6 ans dans une vingtaine de publicités pour les pharmacies Jean-Coutu au Québec ! -, Dolan a 20 ans quan