Chaque jour, les films projetés à Cannes passent le test de Bechdel, une évaluation des œuvres «women friendly». Réussissent le test les films dans lesquels au moins deux personnages féminins sont identifiés par un nom, parlent ensemble et parlent d’autre chose que d’un homme.
Errance caniculaire estivale doublée d'une quête existentielle en noir et blanc, Tu dors Nicole, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, fait le récit très post-Nouvelle Vague d'un passage à l'âge adulte tardif, dans la lignée de l'américain Frances Ha (Noah Baumbach, 2013) ou de l'allemand Oh Boy (Jan Ole Gerster, 2012).
Le réalisateur québécois Stéphane Lafleur y apporte cependant une fantaisie qui tient beaucoup au jeu de contrastes annoncé par la bichromie en 35 mm du film, que l’on retrouve également dans sa façon joliment décalée de construire les identités de ses personnages: Nicole, 22 ans, et Martin, 10 ans. A travers eux, Stéphane Lafleur filme cet étrange entre-deux où la tentation de devenir adulte est grande et en même temps un peu inquiétante.
Choisir une vie
Le film s'ouvre sur Nicole, jolie tomboy (Julianne Cote), se glissant hors des draps d'un inconnu qui propose de la revoir bientôt. «Pour quoi faire?», demande-t-elle? Car Nicole est allergique à l'engagement. Elle ne supporte pas non plus tout ce qui ressemble de près ou de loin à une injonction. Même arroser le jardin selon les consignes de ses parents semble constituer une atteinte tro