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Chine

«Fantasia», Chine de vie !

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Festival de Cannes 2014dossier
Une famille frappée par la maladie tente de survivre. Un film à l’urbanité vorace et mélancolique.
Le patriarche, en phase terminale, est atteint d’une leucémie. (Photo les films du losange)
publié le 23 mai 2014 à 19h56

Cinq minutes avant le début de la projection, notre voisin se penche vers nous : «Excusez-moi, mais je confonds un peu tout là… C'est quoi le film qu'on va voir ?» Fantasia, du Chinois Wang Chao. «Ah, mince ! Je l'ai déjà vu !» Bah, peut-être mérite-t-il revoyure ? «Ah non, merci !»

C'est vrai, ce n'est pas la fête du slip, Fantasia : la chronique d'une famille modeste, ouvrière, mais harmonieuse, que la maladie va désagréger. Soit une leucémie «proche de la phase terminale» qui frappe le père, homme doux, discret et aimant, employé dans une usine métallurgique. Sa femme est, elle, kiosquière, travailleuse, charmante, aimable. Ils ont deux enfants : une fille ravissante quasi adulte et un garçon adolescent un peu lunaire.

Bluesy. Fantasia est rythmé par les allers-retours du père à l'hôpital, où il reçoit les transfusions sanguines qui reculent sa mort inéluctable. La chape de plomb s'installe inexorablement, c'est une agonie à laquelle on assiste. Et comme si ça ne suffisait pas, elle est payante : les transfusions coûtent un bras et si dans un premier temps l'employeur du père s'en charge, la crise entraîne son désengagement progressif. La mère courage va devoir quémander, s'humilier à faire le tour des proches et des connaissances pour pouvoir honorer la prochaine traite, on pense au porte-à-porte désespéré de Sandra-