La tentation du vrai
Ce n'est pas incandescent de nouveauté mais la question de la perméabilité entre fiction et réel a été, cette année encore, un terrain propice à la mise en orbite de multiples prototypes. Certes, des films s'en sont tenus à une stricte étiquette de documentaire : Maidan (hors compétition) pour les besoins duquel Serguei Loznitsa a planté ses caméras au cœur du brasier de Kiev, ou National Gallery (Quinzaine) de Frederik Wiseman, qui est allé chatouiller des morceaux d'éternité au musée londonien avec la même ambition de parler du présent.
D'autres ont tenté de mettre en place des dispositifs narratifs plus singuliers, comme Eau argentée (Un certain regard), qui repose tout autant sur la profusion d'images de la guerre en Syrie que sur la relation à distance entre Ossama Mohammed, metteur en scène exilé en France, et une jeune Kurde, Wiam Simav Bedirxan, qui tourne tout ce qu'elle peut sur le terrain. Le film naît donc, aussi et surtout, de ce dialogue créé par nécessité.
The Tribe (Semaine de la critique) de Myroslav Slaboshpytskiy s'appuie sur l'emploi d'acteurs sourds-muets qu'on peut soupçonner, sans que ce soit explicite, qu'ils témoignent à travers leur déchaînement de violence de l'exclusion dont ils sont structurellement victimes.
D'autres ont creusé le sillon du réel le plus intime. Pour Party Girl (prix Un certain regard et caméra d'or), l'un des trois réalisateurs a placé sa mère devant la caméra pour jouer des pans de sa v