Malgré le trop faible nombre de réalisatrices invitées cette année à Cannes (deux seulement en compétition), cette 67e édition est un bon cru, avec seulement cinq recalés sur les dix-huit candidats à la Palme d'or. Et pour cause : la figure de «femme forte» était omniprésente, toutes sections confondues. Rappelons au passage que le test de Bechdel auquel nous avons soumis les films durant tout le Festival est une grille de lecture factuelle et non qualitative, bien utile cependant pour débusquer dans les scénarios d'éventuels préjugés sexistes.
«La femme est au centre de la vie et de l'œuvre de Jane Campion. Chacun de ses films a en son centre une protagoniste qui lutte pour son autonomie psychique et sensuelle et qui est en quête de sa subjectivité», constatait le critique Michel Ciment en introduction de son superbe livre d'entretiens avec la présidente, publié durant le festival (éditions des Cahiers du cinéma). Pour autant, la palme d'or a été remise au Turc Nuri Bilge Ceylan pour son très beau mais relativement conventionnel Winter Sleep. La Japonaise Naomi Kawase, qui méritait largement la récompense suprême pour Still the water, portrait mystique et aquatique d'un couple adolescent pour la première fois confronté à la mort, est, elle, repartie bredouille, laissant à Jane Campion le titre de seule réalisatrice à avoir remporté la Palme d'or.
Composé de cinq femmes, Carole Bouquet, Jean Do-yeon, Sofia Coppola, Leila Hatami, la préside