Les inconditionnels du film noir auraient tort de garder les yeux exclusivement rivés sur le rétroviseur. Un certain cinéma indien, et surtout l'un de ses plus prolifiques représentants, Anurag Kashyap, démontre une nouvelle fois, après sa somptueuse saga Gangs of Wasseypur découverte à la Quinzaine des réalisateurs en 2012, que le crime a décidément de l'avenir.
Le fait divers dont s'empare Ugly est l'enlèvement d'une gamine d'une dizaine d'années à Bombay, dans la rue et en plein jour. Elle attendait dans la voiture son crétin de père, un acteur à la manque, fauché et arrogant, parti chercher le texte d'une audition chez son vieil ami directeur de casting et producteur véreux. Pendant qu'ils papotent, l'enfant disparaît. Or la mère de l'enfant s'est remariée avec le chef de la police locale, un costaud impassible à la main leste. Très à cran, ce dernier déploie les grands moyens pour retrouver l'enfant et châtier les coupables. Commence alors une valse de mensonges et de veuleries où, l'un après l'autre, chaque personnage cherche à tirer parti de la situation et empocher la rançon.
Absurde. Dans cette fresque sans pitié, Kashyap mixe sans le moindre complexe toutes ses influences, passées et présentes, dans lesquelles il n'est pas difficile de lire un biberonnage intensif et de longue date du cinéma américain. Parfois, il en fait un peu trop, dérapant un poil loin dans la représentation de la violence, jonglant avec les