Kleber Mendonça Filho est auteur, à 46 ans, d'une multitude de courts métrages remarqués et d'un premier long, les Bruits de Recife (sorti en France en février), hybride de satire sociale et de thriller fantastico-contemplatif qui fait figure de révélation, peut-être parmi les deux ou trois plus frappantes aperçues sur un écran de cinéma cette année. Egalement journaliste, critique et programmateur d'un excellent festival dans sa ville de Recife, c'est un observateur privilégié de l'évolution du cinéma brésilien et des politiques culturelles qui l'ont irrigué bon gré, mal gré au cours de son histoire récente.
Comment va le cinéma brésilien ?
J'ai vraiment le sentiment d'appartenir à une génération qui ourdissait il y a dix ans, dans les festivals de courts métrages, une folle révolution du cinéma brésilien, et celle-ci est doucement en train de se concrétiser, à mesure que nous passons tous peu à peu au format long. On commence à voir, depuis deux ou trois ans, des films qui pour la plupart bénéficient à plein des outils numériques, et qui soulèvent de nouvelles questions, de nouveaux points de vue, qui tournent la caméra vers là où elle ne regardait jamais auparavant. Je pense à des gens comme Juliana Rojas et Marco Dutra, qui ont cosigné Trabalhar cansa, montré à Cannes [en 2011]. Il y a aussi The Way He Looks, de Daniel Ribeiro, sé