Quand, au début des années 80, la Paramount met en chantier White Dog, la consigne est claire : «Jaws with paws». Autrement dit, les Dents de la mer avec des pattes, référence au succès dévorant du requin (blanc) de Spielberg, qui avait secoué le tréfonds de l'âme des plagistes du monde entier cinq ou six ans avant. C'est à peu près tout dire de l'ambition mesurée du studio pour ce film, dont le script traîne alors déjà depuis six ou sept ans sur les étagères.
Adapté par Curtis Hanson, qui avait acheté les droits du roman de Romain Gary, le film devait être réalisé par Roman Polanski avant que ce dernier, poursuivi pour détournement de mineure, ne prenne la poudre d’escampette en Europe. Après diverses tentatives avortées dont un projet de téléfilm, c’est le vieux Samuel Fuller qui hérite, près de vingt ans après son dernier film de studio, de la mise en scène.
Traumatisante. Chien blanc, le roman de Romain Gary écrit en 1969, s'appuie sur une expérience traumatisante vécue par l'écrivain et sa compagne, Jean Seberg, lorsqu'ils vivaient à Los Angeles. Le couple s'était entiché d'un chien errant, trouvé par l'actrice dans une rue. A plusieurs reprises, le chien, par ailleurs docile, avait attaqué sans raison des gens de leur entourage, des Noirs, exclusivement. Seule explication possible : le chien avait été dressé à cet exercice, sans doute dans un Etat du Sud. Le roman de Gary, à travers la tentative de