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PALETTE

Cinéma: soigner son grimage de marque

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Créatures de rêves et monstres de tout poils : comme jadis au théâtre, acteurs et actrices de cinéma ne s’imaginent pas sans maquillage. Mais ce qui hier était encore un métier artisanal devient une science à la pointe du numérique. Retour sur cinq visages de l’usine à rêves.
Marilyn Monroe (1947). (© Corbis. All Rights Reserved.)
publié le 2 juin 2014 à 17h31

Qu’est-ce que le maquillage sinon une mise en scène? Une représentation de soi (ou de « l’autre », comme dirait Rimbaud)? Figures imposées de la séductrice aux lèvres flamboyantes, de la sportive au teint hâlé, de l’élégante poudrée, de la rockeuse à eye-liner, de la jeune fille au gloss «naturel». La servante Dorine a les joues plus rouges qu’Agnès l’ingénue, Dona Josefa est une duègne revêche et ridée, aussi voûtée que le chenu Géronte ; et quand le valet Sganarelle va mal rasé, Dom Juan a la bouche vermeille et la perruque talquée.

Tournant 1910, les grimages théâtraux s'adaptent à l'hasardeuse sensibilité de la pellicule dans les premiers studios hollywoodiens: certains visages sont badigeonnés d'un vert martien censé camoufler les rougeurs, ou de parme pour blanchir la peau. L'œil charbonneux de Musidora doit autant au caractère du personnage qu'à la nécessité d'imprimer l'image. Réalisé au pastel gras ou à la suie, cet artifice donne naissance au crayon pour les yeux actuel. Les faux cils, eux, sont l'œuvre du célèbre Max Factor pour une starlette nommée Phyllis Haver (idem le fond de teint « pancake »). Quant à l'eye-liner, inspiré, dit-on, par l'allumette consumée que Marlène Dietrich utilisait pour intensifier son regard, on le doit aux frères Westmore, fondateurs d'une dynastie toujours active.

En 1969, le dénommé John Chambers reçoit un Oscar d'honneur pour la Planète des singes. Onze ans plus tard, il met au point la transformation physique des di